Cette première immigration italienne provient pour l’essentiel des provinces du Nord Est de l’Italie (Vénétie, Trentin, Frioul) régions touchées par la Grande Guerre, où manque l’argent de la reconstruction ; les régions traditionnelles d’émigration se ferment, plus particulièrement les Etats Unis avec les lois des quotas de 1921 et 1924. 15 à 20 000 italiens émigrent dans le Nord Pas de Calais.

Il s’agit d’une population d’hommes jeunes (18 à 40 ans), célibataires ou vivant comme tels, hébergés dans des logements mobilises et provisoires, pas ou peu spécialisés, d’origine rurale même si tous n’ont pas travaillé la terre. Ils participent aux travaux de remise en état des champs de bataille ; ces chantiers se déplacent au fur et à mesure de l’achèvement des travaux. L’immense majorité a un niveau d’instruction très bas. En arrivant en France, ils doivent opérer une triple reconversion : de ruraux, ils deviennent citadins, de travailleurs du monde agricole, ils entrent dans le secteur industriel et enfin ils passent de l’Italien au Français comme langue de communication courante.

La première vague migratoire est peu encadrée par le gouvernement italien et rares sont ceux qui arrivent dans le cadre de l’accord franco-italien du 30 septembre 1919. Les émigrants partent isolément pour les premiers puis « en grappe », c'est-à-dire avec un contact (parent, ami, voisin) dans un deuxième temps. Les plus fortunés sont déjà en France et se contentent de changer de région.

Les motivations du départ sont d’abord économiques mais il existe aussi des départs politiques. Elles ne sont que rarement mises en avant par les Italiens du Nord-Pas-de-Calais à la différence de ceux d’Ile-de-France, du Sud-Est ou du Lyonnais car elles sont un motif d’expulsion ou de refus de séjour de la part des autorités françaises. Elles n’en sont pas moins réelles.